La première a été d’interpeller le gouvernement de façon constante sur les moyens de protection, les contaminations éventuelles, et la façon dont l’Etat entendait gérer la prise en charge de la sécurité des soignants. La deuxième concerne ce que vivent les médecins, qu’ils soient à l’hôpital ou en ville : la sécurité de leur activité et l’avenir de celle-ci. Les messages un peu contradictoires émis par le gouvernement au tout début de l’épidémie ont pu initialement laisser penser à la population qu’il n’y avait plus que le Covid-19 et que les autres problèmes de santé avaient été mis entre parenthèses.
En effet. La mobilisation de la réserve sanitaire a été une action précoce que nous avons menée avec les infirmiers. Nos deux Ordres se sont rassemblés avec Santé Publique France pour dire aux professionnels de santé qui avaient cessé leur activité : "vous avez un moyen pour vous engager dans la lutte contre cette épidémie via la réserve sanitaire et vous porter volontaire pour assurer un certain nombre de missions". Cela a été un succès et grand élan de solidarité puisque plus de 14 000 médecins et infirmiers ont répondu à l’appel.
Par ce que je qualifiais précédemment de messages contradictoires, pour lesquels l’Ordre a fait un recours devant le conseil d’Etat. Il faut que la capacité des personnes à se déplacer ou à être en contact avec leur médecin soit préservée, parce que, sans cela, nous allons avoir d’autres problèmes qui vont naître du fait de report d’opérations, de prises en charge et de retard au diagnostic. Une réalité sur laquelle nos collègues du monde hospitalier nous ont d’ailleurs alerté il y a maintenant plusieurs semaines.
Certes. Et ce que je retiens dans ce que dit le directeur de l’Assurance Maladie, c’est que 85% de ces téléconsultations se sont faites entre le médecin traitant et le patient. Ce qui veut donc bien dire qu’aujourd’hui, même dans une situation où la téléconsultation a été utilisée de façon très importante, elle reste un outil entre le médecin traitant et son patient.
Pour l’Ordre, cela fait partie des prérequis du déconfinement. Puisqu’on sait qu’on va remettre le virus en circulation du fait de la liberté redonnée à la population, cela veut bien dire qu’il va falloir être en capacité de dépister massivement et de détecter précocement. Ce qui signifie que nous serons dans une approche populationnelle, dans laquelle les médecins traitants ont un rôle fondamental à jouer.
Je pense que nous aurons appris qu’il faut gérer cette épidémie au plus près possible de la population. Et, avant tout, de façon coordonnée. Il y a véritablement toute une stratégie à mettre en œuvre : laisser l’hôpital s’investir dans sa capacité à gérer les complications liées au Covid-19, tandis qu’avec les équipes hospitalières, les centres 15, les médecins ambulatoires et les autres professions de santé, il faudra gérer la prise en charge de la population en proximité.
Propos recueillis par François Petty
Crédit photo : Conseil national de l'Ordre des médecins