En 2022, « 234 300 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en France, soit 17 000 de plus qu’en 2021 et environ 7 000 de plus qu’en 2019 », révèle la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans une étude parue fin septembre. Après deux années de baisse exceptionnelle due à l’épidémie de Covid-19, le nombre d’IVG atteint ainsi son plus haut niveau depuis 1990.
À partir des informations issues du système national des données de santé (SNDS), il est possible de retracer, de façon anonyme, le parcours de soins des femmes ayant réalisé une IVG. L’analyse de ces parcours montre, dans certains cas, l’enregistrement de plusieurs actes d’IVG dans un délai court. Ces actes correspondent en fait à la prise en charge de complications ou de reprise d’IVG mais concernent la même grossesse. À partir de 2022, le décompte des IVG prend en compte uniquement le 1er acte pour une grossesse (« IVG sans reprise »). Cette nouvelle méthode de repérage des IVG a pu être également être appliquée pour les années 2020 et 2021. « En revanche, pour l’année 2019, seule une estimation basée sur ce qui a été observé en 2020, 2021 et 2022 a pu être réalisée », précise la Drees.
Les femmes âgées de 20 à 29 ans sont les plus concernées
Avec 16,2 interruptions volontaires de grossesse pour 1 000 femmes âgées de 15 à à 49 ans, (15,7 en métropole et 30,7 dans les départements et régions d’outre-mer), le taux de recours à l’IVG dépasse le niveau des années précédentes. Il était de 15‰ en 2020 et de 15,7‰ en 2019. L’indice conjoncturel d’avortement, à savoir le nombre moyen théorique d’IVG pour une femme tout au long de sa vie, est de 0,58 (contre 0,45 en 1990).
Dans le détail, c’est parmi les femmes âgées de 20 à 29 ans que les interruptions volontaires de grossesse restent les plus fréquentes et augmentent le plus, avec un taux de recours de 26,9‰ pour la tranche d’âge 20-24 ans (+ 2,6 points par rapport à 2021) et 28,6‰ pour les 25-29 ans (+ 2,2 points). L’amélioration de la précision des effectifs induite par la nouvelle méthode de repérage permet d’établir qu’en 2022, 8 615 femmes (4%) ont interrompu plusieurs grossesses. En revanche, le taux de recours à l’IVG chez les mineures, quant à lui, reste stable par rapport à 2020 et 2021 et est moins élevé qu’en 2019. A contrario, il remonte chez les moins de 25 ans, après une diminution depuis 2014.
De fortes disparités selon les régions
Si les tendances sont uniformes sur l’ensemble du territoire, les taux de recours peuvent varier du simple au double d’une région à l’autre. Par exemple, il est de 11,6‰ dans les Pays de la Loire et de 22,6‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur en France métropolitaine et culmine à 48,7‰ en Guyane où la méfiance envers la contraception reste forte. Enfin, sur le front des modalités pratiques, 78% des IVG en 2022 étaient réalisées par la méthode médicamenteuse. Plus d’une interruption volontaire de grossesse sur trois (38%) ne sont pas réalisées à l’hôpital, mais en ville, par des sages-femmes, des médecins généralistes ou des gynécologues.