L’étude a porté sur l’Europe, l’Asie centrale et le Canada. Plus de 242.000 jeunes de 15 ans ont été sondés.
Il en ressort que les jeunes de 15 ans prennent de moins en moins de précaution dans leur vie sexuelle. La situation s’est rapidement dégradée depuis 10 ans.
Principaux constats du rapport :
- Chez les jeunes de 15 ans, 20% des garçons ont déjà eu un rapport sexuel contre 15% des filles.
- Entre 2014 et 2022, la proportion d’adolescents sexuellement actifs ayant utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passée de 70 à 61 % chez les garçons et de 63 à 57 % chez les filles. En France, ces chiffres montent à 70%.
- 30% des adolescents ont déclaré n’avoir utilisé ni préservatif ni pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel, un chiffre quasi stable depuis 2018. En France, cela concerne 25% des garçons et 15% des filles.
- 33% des adolescents issus de familles modestes déclarent ne pas avoir utilisé de préservatif ou de pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel contre 25% de leurs pairs évoluant dans des familles plus aisées.
- Et, l’utilisation de la pilule contraceptive lors du dernier rapport sexuel est restée relativement stable entre 2014 et 2022, 26 % des jeunes de 15 ans déclarant qu’eux-mêmes ou leurs partenaires ont utilisé la pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel.
Ce qui amène l’OMS a tiré la sonnette d’alarme. L’OMS indique que cette dérive peut entraîner des conséquences dramatiques pour les jeunes, notamment des grossesses non désirées, des avortements non sécurisés et un risque accru de contracter des IST.
Une éducation sexuelle défaillante
L’OMS pointe du doigt des lacunes importantes en matière d’éducation complète à la sexualité adaptée à l’âge, y compris l’éducation à la santé sexuelle, et d’accès aux méthodes contraceptives. Certains pays, qualifiés de « réactionnaires», rechignent en la matière.
Pour András Költő de l’Université de Galway, auteur principal du rapport, il faut prévoir une éducation complète à la sexualité à un moment délicat des jeunes, lorsqu’ils sont en voie de passer à l’âge adulte. Mais l’éducation sexuelle ne se limite pas à communiquer des informations.
Pour elle, « les jeunes ont besoin d’espaces sûrs pour discuter de questions telles que le consentement, les relations intimes, l’identité de genre et l’orientation sexuelle, et nous, les pouvoirs publics, les autorités sanitaires et scolaires, et les organisations de la société civile, devrions les aider à développer les compétences essentielles pour la vie, notamment une communication et une prise de décisions transparentes et non moralisatrices. »
Cinq points de vigilance
L’OMS invite les responsables politiques, les éducateurs et les prestataires de soins de santé à accorder la priorité à la santé sexuelle des adolescents de la manière suivante :
- déployer et financer des programmes d’éducation sexuelle basés sur des données probantes dans les écoles et portant sur une large palette de sujets, dont la contraception, le consentement, les IST, l’égalité des sexes et les questions LGBTQIA+;
- veiller à ce que les adolescents aient facilement accès à des services de santé sexuelle confidentiels, sans jugement de valeur, abordables, et adaptés à leurs besoins et préférences ;
- favoriser des échanges ouverts et honnêtes sur la santé sexuelle au sein des familles, des écoles et des communautés afin d’atténuer la stigmatisation et d’amplifier la sensibilisation ;
- prévoir une formation dédiée aux enseignants et aux prestataires de soins de santé afin qu’ils puissent dispenser une éducation sexuelle efficace et inclusive. Ces ressources devraient être accessibles à la fois en milieu scolaire et extrascolaire ;
- poursuivre l’observation des comportements, afin de mieux adapter les interventions. L’idée est notamment d’analyser les messages et autres contenus auxquels les adolescents sont exposés sur les médias sociaux et les plateformes en ligne.
L’interview la cheffe du Cegidd de Bayonne :