Pr Catherine Barthélémy : Sur un plan purement personnel, c’est la reconnaissance, par mes pairs, que je suis en mesure d’assumer de hautes fonctions. Parce que je suis une femme, certes, mais surtout parce que j’ai montré dans ma carrière que j’étais capable d’apporter à la médecine des éléments pour faire changer les pratiques dans mon domaine, la pédopsychiatrie et la prise en charge des enfants en situation de handicap. Pour innover et fournir des éclairages sur certaines maladies et troubles du comportement. L’assemblée d’académiciens, que je préside désormais, m’a fait confiance.
Pr Catherine Barthélémy : De fait. La médecine, jusqu’aux années 60-70, c’était essentiellement des hommes médecins. Le nombre de femmes qui s’engageaient dans la carrière médicale était très minoritaire. J’ai déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, dans mon amphithéâtre en deuxième année de médecine, où nous étions environ 150 étudiants, il n’y avait que 4 femmes.
Pr Catherine Barthélémy : Je l’espère. Mais, en médecine, les choses sont déjà en train de s’inverser. Ces dix dernières années, il y a vraiment eu un virage. Dans les amphis de fac de médecine, les femmes sont maintenant majoritaires. Bientôt on se posera plutôt la question de savoir qui sera le président de l’Académie, parce que les hommes seront en minorité dans notre salle de séances. Les temps changent, les femmes prennent leur place et j’en suis très heureuse. Les femmes occupent des postes de responsabilités dans toutes les instances décisionnelles de notre pays. Je pense que les hommes et les femmes ne sont pas totalement semblables, mais notre complémentarité est extrêmement porteuse. Je le vois dans tous nos groupes de travail au sein de l’Académie. Cela fait partie des nouvelles synergies.
Pr Catherine Barthélémy : Sans contestation de la part de nos élus, je pense que c’est une étape et il nous faut maintenant veiller à ce que ce droit constitutionnel soit respecté.
Pr Catherine Barthélémy : Je veux continuer à contribuer aux sujets qui me tiennent à cœur, en particulier la prévention et la vaccination. Du petit enfant à l’adolescent. En tant que femme, je peux apporter un éclairage qui peut être mieux entendu. De femme à femme, par exemple, sur le vaccin contre le papillomavirus.
Le deuxième axe est lié à ma pratique, qui a constitué ma vie de médecin : la prise en charge et le suivi de l’enfant vulnérable - l’enfant handicapé et l’enfant atteint d’autisme en particulier.
Pr Catherine Barthélémy : La compréhension des phénomènes qui vont produire des fonctionnements particuliers dans le cerveau. La génétique a aussi joué un rôle important. Les progrès de la science ont permis d’éclairer les phénomènes intracérébraux, comme dans l’ensemble du corps. Le développement des cellules nerveuses, leurs connexions. Les développements technologiques nous ont aussi permis de connaître l’enfant très jeune. Je pense à l’utilisation des vidéos où l’on filme des enfants avec le téléphone. On a ainsi pu déceler des petits signes de façon très précoce, retrouvés chez tous les enfants qui allaient ensuite porter le diagnostic d’autisme. Tout cela fait partie des avancées scientifiques, même si celles en imagerie cérébrale fonctionnelle ont aussi joué un rôle prépondérant. Les psychologues spécialisés du développement nous ont également donné des clés pour mieux comprendre comment aider l’enfant à développer des habiletés. Il y a eu une convergence de toute cette communauté pour produire des programmes d’aide au développement de l’enfant en difficulté.
Propos recueillis par Pierre Nusswitz
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