Les pouvoirs publics l’ont clairement affiché par la voix de la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, Agnès Firmin Le Bodo. Le gouvernement entend créer « 4 000 structures pluriprofessionnelles d’ici à 2027 », a ainsi affirmé la ministre lors d’un déplacement, mi-juin, à Sisteron (PACA) pour inaugurer une nouvelle maison de santé. Pour mémoire, selon les services du ministère, exactement 2 251 maisons de santé pluriprofessionnelles, abritant 32 000 professionnels de santé, étaient en fonctionnement, et 300 étaient en projet. Cela revient donc à créer « environ 450 MSP par an », évalue Agnès Firmin Le Bodo. Et pour consolider l'implantation de ces structures « selon leur degré de maturité », le plan présenté par le ministère prévoit une enveloppe de 50 millions d'euros afin d’accompagner les nouveaux projets de création ou d’agrandissement.
Les MSP de demain
Concrètement, il s'agit avant tout de financer directement les projets immobiliers pour la construction des « MSP de demain », lieux de soins « modèles » et « attractifs », que ce soit en termes de sécurité, d'accessibilité ou de performance environnementale, peut-on lire sur le site du ministère de la Santé. En pratique, l'enveloppe dédiée sera de 45 millions d'euros (15 millions par an pendant trois ans) pour près de 150 projets. Cette subvention devra être complétée par les collectivités territoriales et partenaires locaux. Le plan prévoit aussi de soutenir de façon « personnalisée » les porteurs de projet, particulièrement dans la phase chronophage de son élaboration. Dès le début du projet, la fonction de coordination sera financée dans chaque Agence Régionale de Santé (ARS), afin de venir épauler les médecins qui souhaiteraient tenter l’aventure.
600 patients de plus chaque année
Pour les y encourager, le plan présente également une série de mesures destinées à faciliter l'exercice coordonné dans ces structures afin d’en faire les « moteurs de la transformation des soins primaires ». Cette mutation passe par l'incitation financière à la mise en place de protocoles de coopération au sein de ces MSP, le développement du salariat en SISA (Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires) et surtout la possibilité pour la structure d'employer un assistant médical ou une infirmière de pratique avancée (IPA) « au nom de l'ensemble des professionnels » de la maison de santé. Enfin, parce que les MSP sont des structures « parfois fragiles », il est aussi prévu, afin de réduire leurs risques, de limiter la responsabilité financière des soignants associés « à leur seul apport professionnel » dans la SISA. Rappelant qu'un médecin exerçant en maison de santé reçoit davantage de patients qu’un médecin en exercice isolé, le ministère a fait ses calculs et estime que l’ouverture d’une MSP équivaudrait à « 600 patients supplémentaires vus chaque année ».