Selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), environ 60 % des maladies infectieuses chez l’homme sont transmissibles entre l’animal et l’homme, et 75 % des infections humaines émergentes comme Ebola ou la grippe sont d’origine animale.
Certains facteurs aggravent ces risques, comme le changement climatique, la déforestation, l’urbanisation, la mondialisation, les mouvements migratoires et l’agriculture intensive.
Suite au Sars de 2003, transmis à l’homme par les civettes, plusieurs organisations internationales et notamment l’OIE, la Food and Agriculture Organisation (FAO) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont imaginé le concept « One Health ».
One Health part du constat que la santé humaine passe par la santé de l’animal et celle de tous les écosystèmes, et ses promoteurs poussent au décloisonnement des disciplines. En effet, certains dangers sanitaires, comme les zoonoses¹ et les maladies transmises par des vecteurs ou les agents pathogènes résistants, touchent aussi bien les hommes que les animaux.
Les objectifs du projet One Health consistent donc à :
- lutter contre les zoonoses1,
- réfléchir à la résistance de certains médicaments,
- assurer la sécurité sanitaire des aliments
Il faut par exemple veiller à ne pas jouer les apprentis sorciers face à certains équilibres. La réapparition de cas de rage en Inde constitue une illustration des conséquences de la rupture de certains équilibres.
La rage en Inde
Dans les années 1990, un anti-inflammatoire, le diclofénac, a été administré de façon massive aux bœufs, pour leur permettre de résister à la douleur. A leur mort, leurs carcasses étaient souvent abandonnées aux vautours dans la nature. Mais ces charognards, intoxiqués au diclofénac, ont quasiment tous disparu.
Des millions de chiens errants ont dès lors pris le relais et leur nombre a explosé. Comme ces derniers étaient porteurs de la rage, ils ont mordu les humains, causant plus de 20.000 décès par an. Le diclofénac a depuis été remplacé par un traitement inoffensif pour les rapaces, dont la population s’est remise à croître.
Dans le cadre de l’Initiative One Health, l’OMS, la FAO, l’OIE et l’Alliance globale contre la rage (GARC) sensibilisent les populations à ce risque là où la prévention s’avère le plus nécessaire. Ils ont simultanément lancé des campagnes de vaccination des chiens.
En France, certaines situations à risques de zoonoses sont bien documentées :
- Les écureuils de Corée ont envahi la forêt de Sénart (Essonne) dans les années 70. Porteurs de la maladie de Lyme, ils sont désormais interdits de vente comme animaux de compagnie.
- La prévention du risque zoonotique se retrouve aussi dans la surveillance du moustique tigre, dont les zones de contact progressent vers le nord à la faveur du réchauffement climatique.
Dans le domaine vétérinaire, des actions sont menées comme la surveillance de la tuberculose bovine. De plus, l’amélioration des conditions d’hygiène en élevage a permis de réduire de 45% en 5 ans l’usage des antibiotiques pour les monogastriques.
1Les zoonoses sont des maladies transmissibles de l’animal à l’homme et inversement, comme le MERS?CoV via le dromadaire.