Projet K-Dog, qu'est-ce que c'est ?
Parce que l’odorat des chiens est de 10 000 à 100 000 fois plus performant que le nôtre, ils peuvent « voir » des choses invisibles pour nous les humains. C’est à partir de cette réalité qu’est né, en 2016, le projet K-Dog. Il vise à détecter un cancer du sein à son stade le plus précoce grâce à l’odorat de chiens spécifiquement formés.
Des compresses imprégnées de la sueur de femmes volontaires sont présentées aux chiens qui apprennent ainsi à reconnaître l’odeur d’une compresse ayant été en contact avec une femme atteinte d’une tumeur du sein et à la différencier d’un échantillon négatif.
« En effet, selon les travaux d’Isabelle Fromantin, docteure en sciences et infirmière, la peau des femmes touchées par le cancer du sein pourrait dég???????ager des odeurs spécifiques indétectables pour l’homme. Il s’agit de composés organiques volatils (COV) dont la composition est modifiée par la présence de la tumeur », explique Pierre Bauër qui travaille sur le projet à l’Institut Curie.
Lors du premier volet de l’expérience, les deux malinois, Thor et Nikyos, étaient parvenus à un taux de réussite avoisinant les 100%, capables ainsi d’identifier la lingette imprégnée de biomarqueurs sur les quatre qui leur étaient présentées. Et de recevoir ainsi leur récompense, caresses et croquettes, une fois l’exercice terminé.
450 participantes attendues *
« Seulement au bout d’un moment, les chiens avaient compris qu’il y avait à chaque fois une lingette à identifier sur quatre. Nous avons donc décidé de complexifier le test en alternant des séries de présentation de lingettes, avec ou sans biomarqueurs, de façon aléatoire », développe Pierre Bauër.
C’est tout l’objet de la nouvelle expérience qui a débuté en janvier 2020. Et à cette occasion, ce sont deux nouveaux experts spécialement dressés qui s’y collent : Nougaro, un labrador noir, et Owen, un malinois.
450 femmes volontaires participeront à l’expérience. « Cette méthode ne serait absolument pas en concurrence avec la prise en charge traditionnelle du cancer. Elle s’effectuerait en amont, permettant de faire un premier « tri » avant de rediriger les patientes vers la procédure classique », rappelle Pierre Bauër.
L’objectif, est en effet de pouvoir, à terme, proposer aux patientes un pré-test qui soit à la fois fiable, non invasif et peu coûteux. Et de réduire, ce faisant, les inégalités de santé en élargissant les possibilités de dépistage des cancers du sein aux femmes qui n’ont pas accès à la mammographie par exemple.
Les résultats de cette étude clinique multicentrique sont attendus à l’horizon 2022. Et s’ils se révèlent probants, on peut imaginer que le flair du meilleur ami de l’homme soit également utilisé pour dépister d’autres types de cancer.
* L’équipe K-Dog recherche en permanence des volontaires acceptant de réaliser un échantillon destiné à l'entraînement des chiens : https://kdog.curie.fr/page/se-porter-volontaire
Crédit photo : Alice Houdou - KDOG 2020