Killian L’helgouarc’h : Pas du tout, c’est la troisième fois dans l’histoire de I’ISNI qu’un médecin généraliste accède à la présidence. Cela démontre que nous représentons toutes les spécialités. Ce que nous regardons d’abord c’est la personne qui est candidate et non sa spécialité. Ce qui compte, c’est sa capacité à aider tous les internes au quotidien.
Killian L’helgouarc’h : J’ai commencé en troisième année de médecine, où j’ai fait partie de la corpo du BDE de Brest. Avec des amis, nous avons créé l’association tutorat à Brest et j’ai été ensuite trésorier à l’Anemf et dès que je suis arrivé à l’internat, j’ai commencé tout de suite au syndicat de Montpellier-Nîmes dont je suis ensuite devenu le président.
Killian L’helgouarc’h : Nos mandats s’inscrivent dans la continuité de ce qu’ont bâti les précédents présidents. Sur le temps de travail des internes, nous sommes en procès administratif contre l’ensemble des CHU de France et nous essayons de parvenir à des accords de médiation pour trouver des accords et des terrains d’entente afin d’améliorer le décompte du temps de travail avant même celui de son respect. Nous sommes aujourd’hui en procédure de médiation avec environ un tiers des CHU de France et nous avons réussi à avoir un accord de médiation avec le CHU de Montpellier-Nîmes, ce qui prouve que l’on peut réussir à trouver des consensus. Maintenant nous attendons de voir l’application concrète de cet accord de médiation et nous sommes toujours dans la poursuite de nouveaux accords partout sur le territoire. C’est un combat qui durera encore sans doute plusieurs années. Le simple accord ne suffit pas, il en faut sa traduction concrète.
Killian L’helgouarc’h : Nous venons en effet de publier, avec l’Anemf (Association nationale des étudiants en médecine) et l’Isnar-IMG, une grande enquête sur la santé mentale des étudiants en médecine. Le temps de travail est clairement un facteur de risque avéré et quantifiable de risque de burn-out et de dépression associés au travail. Mais la violence au travail concerne aussi le harcèlement moral et les violences sexistes et sexuelles. Nous sommes en procès au pénal contre plusieurs professionnels de santé qui sont suspectés d’agressions à l’encontre d’internes. L’omerta sur les comportements qui pouvait exister ne doit absolument plus être tolérée.
Killian L’helgouarc’h : C’est très bien que l’Ordre s’en soit saisi. Nous avons besoin de tout le monde dans ce combat. De l’université parce qu’on a des auteurs de violence qui relèvent à la fois de l’université et de l’hôpital public, de l’Ordre des médecins, parce que tout médecin en exercice est inscrit à l’Ordre et on a besoin de sanctions ordinales fortes et importantes qui n’existent pas encore forcément aujourd’hui. J’espère que cette enquête donnera l’électrochoc nécessaire pour que tout le monde se rende compte qu’effectivement, ça existe, et que ce n’est pas un épiphénomène ou des bruits de couloirs. Il faut absolument traiter ce mal qui existe.
Killian L’helgouarc’h : Je préfère parler de 10ème année de médecine générale. Car en définitive il s’agit de rajouter une année au bout de 9 ans d’études, ce n’est pas quelque chose d’anodin. Cette réforme a été mise en place pour de mauvaises raisons sous couvert de l’amélioration de l’accès aux soins de nos concitoyens. Et pour cette 10ème année, il y a encore beaucoup de zones d’ombre. Les décrets ne sont toujours pas sortis. En matière d’encadrement, de rémunération et de responsabilité des médecins, les zones de flous inquiètent beaucoup les internes. On a quand même deux promotions, celles de 2023 et de 2024 qui sont concernées et qui n’ont à ce jour aucun élément rassurant quant à l’application concrète de cette réforme.
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