L’Union Régionale des Professionnels de Santé médecins libéraux (URPS-ML) Grand Est a mesuré les délais de rendez-vous de neuf spécialités libérales de la région. Plus de 2 100 médecins cardiologues, dermatologues, hépato-gastro-entérologues, chirurgiens orthopédistes, ORL, pédiatres, gynécologues obstétriciens, psychiatres et rhumatologues ont répondu à cette enquête* exhaustive, souligne l’URPS.
Disparités importantes
Premier enseignement, l’enquête met en évidence d’importantes disparités en fonction des spécialités et des territoires. Ainsi, la cardiologie, la dermatologie, l’hépato-gastro-entérologie, l’ORL et la rhumatologie présentent de délais médians supérieurs à deux mois, notent les auteurs de l’étude. Pour ces disciplines, « le taux d'obtention de rendez-vous est également faible et témoigne d'une forte demande non satisfaite », notamment pour la psychiatrie, pour qui moins de 20 % de demandes aboutissent à un rendez-vous, constate l’Union régionale.
En second lieu, viennent les spécialités à délais moyens comme la pédiatrie et la gynécologie. Ces deux disciplines présentent des délais médians inférieurs à 50 jours mais avec des taux d'obtention de rendez-vous autour de 50 %. Tandis que la chirurgie orthopédique offre des délais plus courts (22 jours pour un rendez-vous pris par internet), avec un taux d’obtention élevé (88 %).
Parallèlement, l’URPS révèle une réalité contre-intuitive mise au jour par l’enquête. En effet, une analyse approfondie des résultats « montre qu’il n’y a pas de corrélation directe entre la densité des spécialistes et la durée des délais d’attente ». Dans le même ordre d’idée, « les grandes agglomérations ont tendance à afficher des délais plus longs, tandis que les agglomérations petites et moyennes ont souvent des délais plus courts », relèvent les chercheurs.
Contraction de l’offre médicale libérale
« C’est dans un contexte de contraction de l’offre médicale libérale que l’étude a entrepris cette mesure de l’accès aux soins », rappelle le collège spécialistes de l’URPS-ML. Il y a une diminution significative du nombre de médecins spécialistes libéraux dans la plupart des spécialités depuis le début des années 2010, avec en plus un déficit par rapport à la moyenne nationale. « Cela se traduit aussi par une suractivité par spécialiste et une charge de travail élevée », peut-on lire dans le document. Malgré tout, les jeunes médecins s'installent en nombre croissant depuis 10 ans et l'exercice libéral reste attractif, « puisque le taux d'installation en libéral oscille entre 70 et 80%, dix ans après l'obtention du diplôme », se réjouit l’URPS.
Gagner du temps de médecin spécialiste
En attendant la confirmation de cette inversion de tendance, l’instance représentative des médecins libéraux de la région formule ses propositions pour améliorer les délais. Comme le développement des cabinets de groupe, des sites secondaires ou encore le recours accru à un secrétariat et au travail aidé, sites secondaires…
La généralisation des stages en libéral pour les internes de spécialités, le renforcement de l’attractivité du cumul emploi retraite tout comme « le déploiement rapide des équipes de soins spécialisés » (ESS) font aussi parties des pistes à développer pour « gagner du temps de médecin spécialiste », estiment les auteurs de l’enquête.
* Les délais d’obtention de RV auprès des spécialistes libéraux - décembre 2024
Méthode des appels mystères : l’enquêteur (Institut CSA) incarne un nouveau patient adulte qui souhaite obtenir un RDV auprès du secrétariat médical d’un spécialiste donné. 11 enquêteurs, 5 semaines de terrain (mars–avril 2024). L’enquête en ligne a le même objectif que l’enquête téléphonique. Délais recueillis auprès de 2 143 médecins spécialistes