Les réclamations en Responsabilité Civile Médicale (RCM) ne cessent de progresser depuis 20 ans. Cette tendance s’explique en partie par un changement de comportement des patients et de leurs proches.
Dans le détail, le nombre des réclamations liées aux préjudices corporels et matériels, tous établissements de soins confondus, s’élève à 16 415 en 2018 (en augmentation de 3,9% sur un an). Pour les seuls établissements de santé, ce chiffre atteint 13 683 réclamations. 48% d’entre elles concernent des préjudices corporels.
Dans ce contexte, la Commission de conciliation et d'indemnisation (CCI) a fait l’objet de plus de 2 600 saisines en 2018. Et, le nombre des décisions des juridictions administratives et judiciaires se situe à 1 271 en 2018, en hausse de près de 12%.
Autre chiffre, le taux de condamnation ou de confirmation de condamnation (procédure en appel ou en cassation) des établissements de santé se situe à 64% en 2018.
Le montant moyen des condamnations a dépassé 351 000 euros en 2018. Ce chiffre marque un bond d’environ 100.000 euros par rapport au coût moyen des 5 années précédentes. Une des raisons en est l’explosion des dossiers de plus de 1 million d’euros (43 en 2018, contre 19 en 2017).
Des montants de réparation inédits
La justice tient davantage compte des préjudices des patients. Une compagnie d’assurance a été condamnée en 2018 à verser une indemnité de 10,2 millions d’euros. Cette affaire est relative à un défaut de surveillance par un généraliste, concernant la gastro-entérite d’un bébé de sept mois.
Ce dernier présente désormais un syndrome de West lésionnel et un fort taux d'incapacité. Le tribunal a cherché à évaluer la perte de revenus de cet enfant tout au long de la vie.
Des accords amiables plus coûteux
Pour compléter ce tableau, l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM ) indique dans son dernier rapport que 98 % des victimes d’accidents médicaux ont accepté ses offres amiables.
Le montant moyen des offres amiables a atteint 98 000 euros en 2018, soit une augmentation de près de 10.000 euros depuis 2016, année de décision d’une revalorisation du barème d’indemnisation.
Une première action de groupe
Rappelons également que l’action de groupe en justice a été étendue à la santé en janvier 2016.
Une première action a été lancée par l’APESAC, une association de parents d’enfants souffrant de malformations à la suite de l’administration de Dépakine pendant la grossesse.
Dans cette affaire, l'ONIAM est intervenu « en substitution » pour déterminer le montant des sommes accordées aux requérants.
Certaines spécialités plus exposées
Par ailleurs, une étude croisée des risques en chirurgie en France et aux Etats-Unis réalisée en 2019 apporte certains enseignements :
- dans les deux pays, certaines spécialités génèrent plus de litiges, comme la chirurgie bariatrique et la chirurgie orthopédique.
- le taux de recours pour indemnisation est presque trois fois plus élevé en France.
- en revanche, le taux de dossiers clos, c’est à dire sans indemnité, s’établit à environ 80%, des deux côtés de l’Atlantique.