La Cour confirme en effet les résultats des enquêtes que nous avions produites au printemps. Celles-ci identifiaient différents freins aux IPA. Dans les établissements, ceux-ci concernent la reconnaissance statutaire, la lisibilité des postes, mais aussi la question de la rémunération. Il y a eu très peu d’évolution salariale depuis la création de notre métier en 2018. D’ailleurs, la Cour des comptes rappelle que nous sommes moins bien payés que les infirmiers spécialisés. La position des magistrats financiers est importante car elle va dans le sens de nos propres études qui auraient pu être reléguées au rang de revendications syndicales. Or là, ce sont des organismes majeurs qui se prononcent, la Cour des comptes cet été et plus récemment la FHF qui a publié ce mois de septembre une communication révélant que les IPA gagnaient 38 euros de plus que les IDE.
Nous menons un travail de fond depuis plusieurs mois avec toutes les instances décisionnelles, Direction générale de l’offre de soin, ministère de la Santé, Assurance-maladie... sur plusieurs sujets, comme celui de la clarté des rôles des IPA à l’hôpital et les grilles de rémunérations. On arrive à les faire avancer petit à petit, mais malheureusement cela prend du temps, d’autant qu’il nous faut aussi tenir compte des questions législatives. Nous attendons encore la publication des décrets d’application de la loi Rist votée au printemps pour la primo-prescription des IPA et la modification des décrets existants pour autoriser l’accès direct. Ces délais créent encore du flou et de l’attente dans la profession, alors que ce sont des sujets qui avaient été qualifiés de prioritaires par le ministère. Nous espérons que cela va sortir très prochainement.
C’est toujours le cas. Il est compliqué d’avoir des données chiffrées précises mais on a eu des remontées des facultés qui indiquaient qu’il y avait moins de candidats. Ce qui est intéressant à voir, c’est aussi la réaction de la profession infirmière envers les IPA. Beaucoup disent que c’est une superbe évolution clinique du métier, une vraie montée en compétences, mais en face de cela, ils constatent que la rémunération n’est pas à la hauteur. Beaucoup, du coup, hésitent à s’engager. Même si l‘hôpital finance les études, concrètement, cela veut dire que les candidats vont mettre leur vie de famille entre parenthèse, pour à l’arrivée gagner 38 euros de plus.
Les attentes ne sont pas les mêmes. La grosse problématique des libéraux est avant tout économique. Le salaire est ridicule. La moyenne faite par la Cnam tourne aux alentours de 700 euros par mois. Très concrètement, beaucoup d’étudiants qui sont en passe de prendre un poste en libéral, soit ne le prennent pas, soit optent pour un exercice mixte d’infirmier et d’IPA en libéral.
Propos recueillis par Pierre Nusswitz
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