Nous sommes un territoire précurseur en matière de e-santé et de numérique. Nous avons été les premiers à déployer la fibre optique. C’est au moment des chocs pétroliers et de la crise économique des années 80, qui a touché beaucoup d’industriels de la région, que nous nous sommes repositionnés autour du numérique en santé. Les acteurs du monde de la santé et les personnalités politiques de l’époque qui ont eu envie de pousser cette thématique ont été très visionnaires. Nous sommes ainsi le premier territoire à avoir eu, avant l’heure, une école sur le thème de la e-santé, l’école Isis, et le centre hospitalier intercommunal sur Castres-Mazamet est à la pointe de la technologie. Tous les acteurs ont poussé cette thématique qui culmine avec notre rendez-vous annuel de l’Université de la e-santé.
Elle a été très réussie, nous avons accueilli plus de 450 participants. Suite au Covid, nous avons eu moins de visiteurs en présentiel. Lors des éditions pré-pandémie, nous enregistrions jusqu’à 800 participants. Mais l’essentiel c’est que l’esprit de ces rencontres demeure. L’Université de la e-santé est un événement pointu sur les enjeux et les avancées en matière de numérique en santé qui se veut convivial et qui permet un networking qualitatif, parce que s’y croisent beaucoup de spécialistes du sujet, qui sont ici plus faciles à aborder que dans d’autres contextes. Médecins, associations de patients, institutions, représentants de l’agence du numérique en santé, professionnels du droit et de l’éthique… le public et les intervenants présents reflètent toute la transversalité de la chaîne de la e-santé.
Chaque année, sur l’événement qu’on mène, on cherche à faire réfléchir les gens sur une thématique spécifique liée au numérique en santé : comment se projeter sur demain, quels sont les axes d’amélioration, comment peut-on contribuer à propulser la e-santé et à faire en sorte que ce soit un outil au service de nos concitoyens, qui améliore la qualité de vie, l’accès aux soins et facilite le travail des professionnels de santé. En ce sens, la crise sanitaire a certainement été l’élément déclencheur qui a permis l’essor de nouveaux usages comme la téléconsultation ou dans un sens plus large, la télémédecine, dont beaucoup de praticiens se sont emparés. Tout ce qui est téléconsultation permettra de maintenir une qualité de soins dans les endroits confrontés à la désertification médicale. Mais attention, la télémédecine n’intervient pas en lieu et place des consultations classiques. C’est un outil en plus qui peut permettre d’améliorer l’accès aux soins des usagers, notamment dans le suivi des pathologies chroniques. En outre, tous ces nouveaux usages, que ce soit le recours à l’intelligence artificielle ou le recueil des données de santé, pour ne citer que ces deux exemples, soulèvent énormément de questions éthiques et juridiques.
Propos recueillis par Pierre Nusswitz
Crédit photo : Laurent Frézouls