L’exercice de la médecine d’urgence « n’a jamais été aussi compliqué. Nos jeunes confrères nous le disent dès le premier mois, ils ne veulent pas rester dans ces conditions à l’hôpital public », déplorait, en ouverture du congrès Urgences 2023, le Dr Marc Noizet, président du Samu-Urgences de France. Un congrès qui se tenait dans un contexte difficile. Les services d’urgences sont en effet dans une situation de saturation quasi permanente depuis plusieurs années, un état de fait qui risque encore de s’aggraver cet été. L’une des solutions proposées par les participants ? La généralisation organisée de la régulation de l'accès aux urgences par le 15, qui doit permettre de mieux filtrer les passages. Pour le Dr Noizet, il s’agit d’un « outil supplémentaire pour mieux "filiariser" le patient qui n’est pas toujours dans la bonne filière de soins ». Un élément de réponse à un constat que tous partagent : les urgences ne sont plus en capacité d’accueillir tous les patients qui se présentent.
Régulation générale
Le ministre de la Santé et de la Prévention, médecin urgentiste lui-même, avait fait le déplacement pour rencontrer et écouter ses anciens collègues. À cette occasion, François Braun, est revenu sur sa méthode et les prochaines étapes de son plan pour l’hôpital, dans un contexte où le président de la République s'est engagé à « désengorger tous les services d'urgence » d'ici à fin 2024. Le ministre a insisté sur l’importance d'organiser l’accès aux urgences – via le 15, le Service d'Accès aux Soins (SAS) ou une régulation à l’entrée du service. Ce dispositif pourrait permettre de diminuer l’activité d’un service de 15% à 20%. Et, encore une fois, de réorienter les patients dans les filières de soins adaptés à leurs besoins.
Unités mobiles hospitalières paramédicalisées
De son côté, le Pr Karim Tazarourte, chef de service du Samu 69-Urgences à l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, juge nécessaire de « réadapter complètement notre modèle face à des patients chroniques et polypathologiques et au vieillissement de la population ». Si les patients continuent à patienter aux urgences, c’est avant tout parce que « l’hôpital n’a pas fait sa révolution », diagnostique le praticien, qui estime que la moitié des patients qui se présentent aux urgences ne relèvent pas de la médecine d’urgence. Il est donc essentiel de leur proposer « d’appeler au préalable le SAS ou leur médecin traitant. Et, s’ils se déplacent, ils doivent être pris en compte et "refiliarisés" dans des unités susceptibles de les prendre en charge ». D’autres axes de prise en charge ont également été présentés pour résoudre la crise des urgences, notamment celui des Unités Mobiles Hospitalières Paramédicalisées (UMHP). Composées d’un ambulancier et d’un infirmier de Smur, ces équipes, au stade de l’expérimentation, pourraient ainsi intervenir lorsque le cas ne nécessite pas la présence d’un médecin.