La délégation aux droits des femmes du Sénat a pris la décision, en début d’année, de s’intéresser à la santé des femmes au travail, thématique jusqu’à présent peu étudiée sous l’angle des politiques de santé publique. Objectif : aborder la santé dans une approche large, en se référant à la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, « un état de bien-être physique, mental et social ».
La délégation, emmenée par Laurence Cohen, (orthophoniste et membre du groupe communiste républicain citoyen et écologiste), Annick Jacquemet (vétérinaire et membre du groupe Union Centriste), Marie-Pierre Richer (Les Républicains) et Laurence Rossignol (juriste et membre du groupe Socialiste, écologiste et républicain) s’est particulièrement penchée sur les risques professionnels (en particulier les troubles musculo-squelettiques, les cancers professionnels, la charge mentale et les violences sexistes) dans les secteurs dans lesquels les femmes sont majoritaires. En l’occurrence, les métiers du care (prendre soin), de l’entretien, de la grande distribution ou encore du mannequinat et de la représentation, sans oublier les femmes qui exercent dans des secteurs mixtes, notamment les professions libérales, ou dans des secteurs professionnels majoritairement masculins pour lesquels les postes de travail et les équipements professionnels sont basés sur les références anthropométriques d’un « homme moyen ». Pour ce dernier exemple, les rapporteures observent que 60% des personnes atteintes de TMS sont des femmes.
Développer les politiques de prévention
Les quatre sénatrices ont également étudié les possibilités de développer et d’améliorer les politiques de prévention en milieu professionnel. « Usure physique et psychique, troubles musculo-squelettiques, cancers : les répercussions du travail sur la santé des femmes sont encore largement méconnues », notent les élues de la chambre haute. De même, les difficultés associées à l’endométriose, aux pathologies menstruelles incapacitantes, à la grossesse, à l’infertilité, à la ménopause et, plus globalement, à la santé sexuelle et reproductive des femmes sont encore bien trop ignorées dans le monde du travail. Les rapporteures ont constaté « le déficit persistant d’approche genrée en matière de santé au travail qui a pour conséquence l’insuffisance de la prévention en faveur de la santé des femmes au travail, d’autant plus marquée avec une médecine et une inspection du travail sinistrées ».
23 recommandations autour de 3 grands axes
« Le manque de reconnaissance de la charge physique et mentale du travail des femmes est à l’origine d’impensés féminins dans la conception et la mise en œuvre des politiques de santé au travail », poursuivent-elles en substance. Mais au-delà du simple constat, le rapport des sénatrices formule vingt-trois recommandations qui s’articulent autour de trois grands axes :
- Chausser systématiquement les lunettes du genre ;
- Développer et adapter la prévention à destination des femmes ;
- Mieux prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail, en particulier les pathologies menstruelles incapacitantes et les symptômes ménopausiques.