Selon l’enquête réalisée par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) auprès de 21 000 médecins* sondés en ligne, plus de deux médecins sur trois (65 %) ont eu connaissance de Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) dans le monde médical. Mais surtout, près d’un praticien sur trois (29 %) en a lui-même été victime. Si l’outrage sexiste et sexuel (26 %) est le plus répandu, 5 % des médecins répondants disent avoir subi une agression sexuelle et 1 % avoir subi un viol.
La violence dès les études de médecine
Les femmes médecins sont les premières victimes des VSS. Elles sont plus d’une sur deux (54%) à déclarer avoir subi une violence sexuelle, en premier lieu durant leurs études, et dans une moindre mesure dans leur milieu professionnel (contre 5 % de leurs confrères). La moitié d’entre elles (49 %) ont été agressées par un autre médecin inscrit à l’Ordre, révèle l’enquête du Cnom.
Double peine pour les victimes
Plus de neuf médecins sur dix (92 %) estiment que les victimes rencontrent des difficultés à être entendues et reconnues. Si deux tiers (66 %) jugent que « le manque de soutien » en est la raison principale, 39% des sondés citent aussi l’existence d’une banalisation des VSS dans le monde médical. Actes « minimisés », crainte des répercussions sur la carrière, hiérarchie qui ferme les yeux… Corollaire logique en forme de double peine pour les victimes, 69 % des sondés jugent que celles qui portent plainte s’exposent à des discriminations professionnelles (obstacles dans l’avancement, stigmatisation, placardisation, etc.). Les termes « personnes à problèmes », « fauteurs de troubles »… sont cités de façon récurrente dans les témoignages recueillis.
La peur de ne pas être cru
Parmi les freins aux dépôts de plainte, que ce soit auprès des supérieurs hiérarchiques, de l’Ordre ou de la justice, les médecins citent en premier lieu la peur de ne pas être cru (45 %), l’impact sur la vie professionnelle (20 %), la honte (13 %) ou encore la pression de la hiérarchie. Enfin, seulement 28% des médecins interrogés déclarent connaitre l'existence d’aides pour les victimes de VSS, alors que dans le même temps, trois-quarts d’entre eux disent avoir besoin de cette information
* Enquête coordonnée par les Drs Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi et Jean-Marcel Mourgues, vice-présidents du Cnom, effectuée en ligne du 23 septembre au 14 octobre auprès de 21 140 médecins (19 104 docteurs juniors et médecins en activité régulière, remplaçants ou retraités actifs et 2 036 médecins non actifs) : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/analyse_etude/1fjm3kg/cnom_enquete_vss.pdf