La voix pétille lorsqu’elle s’exprime et parle de son métier. L’enthousiasme et la fougue de la jeunesse ? À l’évidence, pas seulement. Car dès les premiers échanges, il est clair que Clara Bouteleux, 29 ans, n’a pas choisi son cursus d’infirmière en pratique avancée (IPA) par hasard. « Et pas mon métier d’infirmière non plus », corrige-t-elle gentiment. Le soin et la prise en charge des patients est un domaine qui l’a toujours attiré. Ce qui conduit Clara, une fois le baccalauréat en poche, à s’orienter vers la profession d’infirmière. « J’ai suivi mes études à l’IFSI de La Rochelle en Charente-Maritime et y ai décroché mon diplôme d’IDE (Infirmière Diplômée d’Etat). C’était en 2016 », explique la jeune femme. Rapidement, Clara trouve son premier emploi à la Clinique du Mail (Ramsay Santé) à La Rochelle, au sein du service de chirurgie. Un exercice dans lequel elle s’épanouit pendant trois ans. Mais Clara Bouteleux en veut plus et a souhaité élargir ses compétences. Se retrouver véritablement au cœur de l’organisation du parcours de soins des patients.
Viser l'amélioration de la qualité des soins
Heureux concours de circonstances. En juillet 2018, deux décrets et trois arrêtés publiés au Journal Officiel créent un nouveau métier. Celui d’Infirmier en Pratique Avancée qui permet à son détenteur de bénéficier d’une autonomie accrue dans sa pratique et lui offre surtout la possibilité d’assurer le suivi de patients en fonction de la spécialité choisie au cours de sa formation. Deux ans de formation supplémentaires sont nécessaires. Pour Clara, cela ne fait aucun doute. Cette voie est faite pour elle et permettra une amélioration de la qualité des soins. Après en avoir informé l’établissement où elle travaille, la jeune femme décide de suivre ce cursus à la fac de Médecine de Nantes, et pendant ces deux années donc, n’hésite pas à cumuler les petits boulots à côté de ses études pour obtenir ce nouveau diplôme qui l’intéresse tant. Elle obtiendra le précieux sésame, avec une mention en Oncologie- Hémato-Oncologie, en juillet 2021.
Une interface essentielle entre exercice infirmier et exercice médical
Depuis, Clara est infirmière en pratique avancée exclusive à 50 % consacrée à son activité libérale et 50 % salariée de la clinique de l’Atlantique de La Rochelle. Bilan des courses ? La jeune femme se déclare enchantée. « Je suis vraiment à l’interface entre l’exercice infirmier et l’exercice médical ce qui permet de concevoir et conduire un projet de soins personnalise? pour chaque patient dont j’assure conjointement le suivi avec le médecin référent. Attention, l’IPA ne remplace pas le médecin, mais nous intervenons en complément sur le parcours de soins. Nous sommes un nouveau maillon de la chaîne de soins. L’IPA occupe ainsi une place centrale dans le suivi du patient et a pour mission de renforcer la coordination des actions de tous les acteurs de soins intervenant dans la prise en charge du patient. Parmi ses missions, elle est habilitée a? suivre des patients confiés par un médecin de l’équipe de soins au sein de laquelle elle exerce ». Disposant de davantage d’autonomie dans sa pratique clinique, l’IPA a la responsabilité du suivi régulier des patients pour leurs pathologies et peut : (Article R4301-3 du CSP) :
- Renouveler ou adapter certaines prescriptions médicales ;
- prescrire des examens complémentaires ;
- demander des actes de suivi et de prévention.
De quel œil regarde la génération plus âgée des infirmier(e)s « traditionnels » ces nouveaux IPA ?
« Il n’y a pas de concurrence. Je considère que j’ai toujours à apprendre de mes aînés et de mon côté j’ai la responsabilité de concourir à l'amélioration des pratiques en collaboration avec mes collègues ainsi qu'à la construction de ma discipline. En parlant de responsabilité, dans le cadre du suivi du patient, l’IPA est responsable de ses décisions et de ses actions thérapeutiques à l’inverse d’un infirmier de soins généraux. L’IPA est identifiée comme un élément majeur du travail en interdisciplinarité et du lien ville-hôpital, en vue d’améliorer la qualité de soins et donc le système de santé. Mais en vérité beaucoup de mes confrères et consœurs, même ceux qui sont au milieu de leur carrière avouent être assez intrigués par ce que nous faisons en qualité d’IPA et n’excluent pas, un jour, eux aussi, de sauter le pas ». À suivre.
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