L’état de santé des individus est déterminé à 10% par les comportements individuels, à 15 % par le système de soins, et 5% par le patrimoine génétique. Le solde est représenté par des déterminants sociaux, économiques et environnementaux.
Beaucoup de ces facteurs découlent de la manière dont l’urbanisme a été conçu, en particulier dans les grandes villes.
- Critères socio-économiques : accès à une alimentation saine, à la culture, aux loisirs, aux réseaux familiaux et communautaires.
- Critères environnementaux : exposition aux nuisances (sonores, visuelles, olfactives,…), aux pollutions, aux canicules.
- Qualité du cadre de vie : transports en commun, habitat, équipements collectifs et services, proximité avec la nature.
Un urbanisme favorable à la santé (UFS) est un domaine transversal qui mobilise à la fois la planification urbaine, la santé publique, l'écologie et les sciences sociales. Il développe une logique à la fois curative et préventive.
Ce concept a été initié par le réseau des villes santé de l’OMS Europe en 1987. Il englobe « les pratiques d’aménagement qui tendent à promouvoir la santé et le bien-être des populations tout en respectant les 3 piliers du développement durable ».
Ce type d’approche n’est pas complètement nouveau. Aux XIXème siècle, les grands travaux du baron Haussmann apportaient une réponse à la question du traitement des eaux usées et au fléau des pandémies. Même logique hygiéniste avec la création de Central Park à New York à partir de 1858, imaginé pour les loisirs et la qualité de l’air.
Une approche globale
Pour aider les collectivités locales dans leurs politiques d’aménagement et de planification urbaine, l’ADEME a défini 8 axes stratégiques :
- Minimiser les émissions et expositions aux polluants et nuisances
- Promouvoir des modes de vie favorables à la santé, notamment activité physique (ex : pistes cyclables, lutte contre la sédentarité), alimentation saine.
- Favoriser la cohésion sociale (ex : isolement social) et le bien-être de tous les habitants (ex : surexposition des personnes en difficulté sociale aux nuisances environnementales)
- Permettre l’accès aux soins et aux services socio-sanitaires
- Réduire les inégalités de santé entre les différents groupes socio-économiques en portant une attention particulière aux personnes vulnérables
- Soulever et gérer les antagonismes entre les différentes politiques
- Mettre en place des stratégies favorisant l’intersectorialité et l’implication de l’ensemble des acteurs concernés, dont les citoyens
- Penser un projet adaptable, qui prenne en compte l’évolution des modes de vie
Des applications diverses
Concrètement, chaque projet est unique.
Il peut s’agir par exemple de transformer un parking à ciel ouvert, véritable ilot de chaleur, en une place arborée avec des commerces et des lieux d’interactions sociales. Ou encore de piétonniser temporairement une rue donnant accès à une école aux heures d’arrivée et de sortie des enfants. Une décision qui a un effet immédiat sur la qualité de l’air et en matière d’accidents. Certaines communes s’attaquent également à la prolifération des panneaux publicitaires, source de fatigue nerveuse et de frustration.
Mais, il ne s’agit pas de concevoir un bel écoquartier en pleine verdure, réservé à une élite, ce qui aggraverait la gentrification.
Toutes ces mesures contribuent aussi à l’attractivité des territoires.