Fin 2021, Femmes de Santé, collectif pluriprofessionnel de femmes qui ont une activité dans la santé et qui compte plus 1 800 membres, organisait ses premiers États Généraux. À l’issue de ces débats qui ont réuni plus de 100 participantes travaillant au sein de 4 ateliers distincts, 6 solutions pratiques et concrètes ont été sélectionnées. Elles s’articulent autour des quatre problématiques suivantes :
- perception biaisée des femmes,
- autocensure et vie de famille,
- moindre accession des femmes aux postes à responsabilités
- manque de reconnaissance professionnelle des femmes.
Les voici dans leur détail.
Création d’une campagne de communication gouvernementale et multicanale
valorisant les femmes en tant que professionnelle et dénonçant le plafond de verre.
- Diffuser des « success stories » et des vidéos mettant en avant les femmes dans des rôles modèles.
- Diffuser des spots publicitaires illustrant les bénéfices de la mixité au niveau managérial avec l’intervention de duos femme-homme qui expliquent pourquoi ils soutiennent cette mixité, leur déclic afin que tous puissent s’engager à leur tour.
- Créer et diffuser des séquences « vis-ma-vie » avec des hommes dirigeants en postes pour sensibiliser sur la réalité professionnelle vécue par les femmes, et inversement.
Mise en place d’un modèle professionnel qui normalise la maternité
au sein des entreprises et des établissements de santé.
Cela passe par :
- L’intégration dans la fiche de poste des modalités de l’accompagnement de la grossesse, du congé maternité, du congé paternité et de la continuité de l’activité au sein du service et les remplacements mis en place pendant ce congé,
- Inciter à la prise du congé paternité via les managers et les dirigeants,
- Accompagner le retour du congé maternité, en ayant établi un retour à l’emploi clair, en amont, et en proposant des MOOCs* diplômants sur le long terme, pouvant être suivis pendant le congé maternité si la femme le souhaite.
Création d’une charte d’entreprise/d’institution qui favorise l’équilibre vie professionnelle, vie personnelle
- Gérer le temps :
- Montrer l’exemple : interdire les réunions, conseils d'administration et comités de pilotage après 18h,
- Appliquer une charte de déconnexion avec un « malus » pour les managers s’il y a un non-respect de la charte de déconnexion,
- Former les salariés à l’organisation de leur temps de travail lors de leur arrivée au sein dans l’établissement ou dans l’entreprise.
- Développer les systèmes de gardes d’enfants (crèches, activités périscolaires…), notamment en entreprise et à domicile, et indexer leur coût sur les revenus des parents.
- Autoriser une combinaison entre le télétravail et le présentiel, à 50% si cela est compatible avec la fonction.
Imposition de quotas minimum de femmes porteuses de projets
dans les investissements et les subventions
alloués aux entreprises ou appels à projets, pour favoriser la création d’entreprises ou de projets de santé par les femmes.
Accompagnement des femmes pour les entreprises et les établissements de santé,
pour leur permettre d’oser plus, et notamment de postuler aux postes à responsabilités.
- Généraliser des programmes de mentoring dans toutes les structures. L’idée est d’avoir systématiquement des binômes mixtes : des femmes qui mentorent des hommes, des hommes qui mentorent des femmes, afin de gommer les différences de genre et de monter en compétence grâce aux savoir-faire de chacun.
- Créer des roadmaps pour les femmes (= parcours professionnel au sein d’une même entreprise ou établissement) intégrées dans la Qualité de Vie au Travail ainsi que dans les objectifs RH des entreprises et institutions.
- Mettre en place une formation en entreprise et dans le secteur public pour casser l’autocensure et briser le syndrome de l’imposteur. Cette formation serait triple avec :
- Des ateliers mixtes pour développer son leadership, sa confiance en soi,
- Des média training qui aborderait les éléments de langages verbaux et non-verbaux à utiliser, la définition de l’image qu’elles souhaitent communiquer, et le développement de leur expertise,
- Une formation proposée par les services RH pour apprendre à négocier son salaire et ses promotions tout au long de sa carrière.
- Former les femmes au développement et à l’utilisation des réseaux professionnels et favoriser leur inscription à ces réseaux.
Création d’un label Femmes de Santé
contre le sexisme et les discriminations envers les femmes au travail, qui inclurait notamment, mais pas seulement, de :
- Identifier les critères discriminants (comme la répartition femmes-hommes par tranches de salaires, par postes à responsabilité ou de directions, par types de contrats…) et prévoir des accompagnements en fonction des situations inégalitaires.
- Mettre en place des formations sur les sujets « remarques sexistes » et « harcèlement sexuel » avec des jeux de rôles pour débanaliser les premières et comprendre les rôles harceleur-harcelé. Ces formations seraient obligatoires pour les personnes qui ont déjà harcelé une personne et pour les manageurs et tous les dirigeants, DG et présidents inclus.
- Nommer un référent “sexisme et harcèlement” dans les entreprises et organisations à l’instar des hôpitaux.
L’équipe Femmes de Santé s’est engagée « à présenter aux équipes de Madame Elisabeth Moreno, Ministre déléguée auprès du Premier Ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, qui a accordé aux Femmes de Santé son haut-marrainage pour cet événement, aux équipes de Monsieur Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé qui a accordé son parrainage et souhaite les remettre aux différents candidats aux élections présidentielles qui partagent les valeurs du collectif ».