Face au succès de votre premier centre « Médecins Solidaires » d’Ajain, votre collectif * a ouvert un deuxième centre de santé à la mi-juin. Toujours dans la Creuse ?
En effet. Non pas que notre projet ait vocation à toujours rester dans ce département, mais comme beaucoup de médecins voulaient nous rejoindre et qu’il nous fallait ouvrir très rapidement, il nous est apparu pertinent de rester dans le même département parce que nous en connaissions déjà tous les acteurs institutionnels grâce au premier centre.
Vous couvrez désormais un bassin de vie de quelle importance dans ce département classé comme désert médical ?
Dans le premier centre, nous avons passé la barre des 1 000 patients dont nous sommes médecin traitant et on a fait plus de 4 000 consultations. Pour précision, le bassin de population de Bellegarde est de 6 000 habitants, sur lequel nous espérons pouvoir prendre en charge environ 3 000 patients comme médecin traitant. Au total, en Creuse, nous espérons pouvoir prendre en charge 6 000 patients.
Avez-vous des médecins spécialistes dans ce deuxième centre ?
Pas encore, mais on y travaille. Pour l’heure, il y a deux médecins généralistes et une équipe de soins primaires avec une infirmière Asalée** et une assistante médicale. On étoffe le fonctionnement pour pouvoir prendre davantage de patients en charge, avec une rationalisation du temps médical et le développement de notre modèle organisationnel. Avec les spécialistes qui nous ont contactés, nous songeons à la création d’une filière de gastro-entérologie et de cardiologie. C’est ce qui est dans les tuyaux.
Quels sont les profils des volontaires qui vous contactent ?
Ils sont vraiment pluriels et très éclectiques et c’est ce qui rend l’aventure si intéressante. Du jeune médecin qui sort de l’internat et trouve le projet dynamique et sympa et veut participer à l’aventure, au médecin retraité qui a envie de mettre sa compétence à disposition et qui est content de faire encore de la médecine sans pour autant devoir signer un engagement récurrent, en passant par le médecin installé qui se dit « après tout, je peux quitter mon cabinet et me faire remplacer une semaine, ça me fera voir autre chose et cassera un peu la routine ». Tous ces profils de médecins se croisent, se rencontrent, échangent et discutent. C’est vraiment très enrichissant.
Recrutez-vous toujours de nouveaux candidats ?
Bien sûr, nos deux centres dans la Creuse fonctionnent, mais la vitesse de notre déploiement est conditionnée par notre flux de recrutement. Nous recrutons des médecins en flux continu et tendu. Il nous faut parvenir à maintenir un flot permanent de nouveaux arrivants.
Surtout si vous comptez développer le concept dans d’autres régions en manque de médecins…
Oui, il faut qu’on sache que la capacité organisationnelle est bien là. Actuellement, nous avons 200 médecins dans notre Collectif, mais pour ouvrir un troisième et un quatrième centre, il est nécessaire qu’encore plus de médecins nous rejoignent et nous travaillons activement à toujours diffuser encore plus notre projet auprès des confrères. Nous cherchons des médecins volontaires pour nous rejoindre dans le Collectif !
* Médecins Solidaires : https://medecins-solidaires.fr/
** Asalée : Action de santé libérale en équipe
Propos recueillis par Pierre Nusswitz
Crédit photo : Guillaume de Tapol